SeptiĂšme semaine de CarĂȘme
Dommage, la lettre U est dĂ©jĂ utilisĂ©e pour dĂ©signer une chaine de magasins, essayons la, toutefois pour dire notre foi pascale : « ABAISSĂ â ĂLEVĂ».
Ă toi qui dois attendre avec impatience ton baptĂȘme, durant la nuit de PĂąques. Ă toi qui accompagnes depuis 1 an, 2 ans, 3 ans, celle ou celui ou ceux qui marchent vers les sacrements dâinitiation, durant la nuit de PĂąques. Ă toi qui te prĂ©pares Ă proclamer la foi en JĂ©sus ressuscitĂ©, avec toute ta communautĂ© paroissiale, au cĆur de la nuit de PĂąques, permets que chaque semaine, avant cette vigile pascale 2023, je vienne, Ă partir dâĆuvres dâart : sculpture, peinture, vitraux, tâaider, moi aussi, Ă prĂ©parer cette profession de foi Ă venir, en JĂ©sus, Christ, le Fils de Dieu.
P. Henri IMBERT
Câest au cĆur de la veillĂ©e pascale que, dâici trois jours, tu seras baptisĂ©. Câest au cĆur de cette mĂȘme veillĂ©e pascale que toi, baptisĂ© depuis X annĂ©es, tu auras Ă redire ta profession de foi baptismale. VeillĂ©e intense qui invite au passage : passage des tĂ©nĂšbres Ă la lumiĂšre ; rappel du passage de la Mer Rouge ; annonce du passage de la mort Ă la vie. Passage du rassemblement Ă la dispersion pour aller annoncer : « AllĂ©luia, Christ est ressuscitĂ© ».
Au cĆur de cette veillĂ©e, ce passage dâĂ©vangile selon Saint Matthieu : « lâange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et sâassit dessus. Il avait lâaspect de lâĂ©clair, son vĂȘtement Ă©tait blanc comme la neige. Les gardes dans la crainte quâils Ă©prouvĂšrent, se mirent Ă trembler et devinrent comme morts ». (Mt 28/2-4)
Mais quâen est-il de Celui qui fut mis au tombeau ? Câest le message de ce mĂȘme ange qui va nous le dire. « Je sais que vous cherchez le crucifiĂ©, il nâest pas ici, car il est ressuscitĂ© comme il lâavait dit ». (Mt 28/5-6)
Parties, suivant lâordre de lâange : « allez dire aux disciples et Ă Pierre » (Mc 16/7), les femmes prĂ©vinrent les disciples. LâĂ©vangĂ©liste Jean, dans lâextrait qui sera lu au cours de la messe du jour de PĂąques, rapporte « quâarrivĂ© au tombeau Pierre aperçut les linges. Câest alors quâentra lâautre disciple (celui que JĂ©sus aimait) : âil vit et il crutâ. Jusque lĂ en effet les disciples nâavaient pas compris que selon lâĂcriture, JĂ©sus devait ĂȘtre relevĂ© dâentre les morts ».
ABAISSĂ â ĂLEVĂ : Voici lâannonce vers laquelle nous avons cheminĂ© depuis notre entrĂ©e en carĂȘme, le 22 fĂ©vrier. Lâange est descendu pour rappeler la parole de JĂ©sus qui annonçait quâil devrait ĂȘtre relevĂ©. Quant Ă lui, pour lâinstant, il nâa pas Ă©tĂ© vu. Lâange a ouvert le tombeau. Les linges vĂ©rifient que le corps nâa pas Ă©tĂ© raptĂ©.
De ce passage de la mort Ă la vie, pas de tĂ©moins. Seulement une parole et quelques signes. Aussi les artistes sâen sont donnĂ©s Ă cĆur joie pour illustrer cet Ă©vĂ©nement sans observateur !
Je te propose cette Ćuvre, au milieu de dizaines ⊠de centaines ⊠dâautres. Celle-ci parce que, je crois, mon « U » va prendre tout son sens. CâĂ©tait ma proposition pour cette catĂ©chĂšse entreprise voici 7 semaines. Ce « U » est mon fil rouge. Aujourdâhui encore, il est moyen mnĂ©motechnique pour notre dĂ©couverte : courbe plane, symĂ©trique, par rapport Ă un axe. Cette peinture est un extrait du retable dâIssenheim par Matthias GrĂŒnewald et exposĂ© au MusĂ©e Unterlinden de Colmar.
De quel Ă©vĂ©nement sâagit-il ? De la rĂ©surrection de JĂ©sus. Les Ă©lĂ©ments visuels ici proposĂ©s renvoient Ă ce que dĂ©crivent les Ă©vangĂ©listes. Le tombeau est ouvert : « lâange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et sâassit dessus » (Mt 28/2), mĂȘme si, ici, lâange est absent et le tombeau Ă©voque plus un sarcophage quâune grotte creusĂ©e. Un linge est posĂ© sur le bord du monument : « Pierre considĂšre les bandelettes posĂ©es lĂ et le linge qui avait recouvert la tĂȘte » (Jn 20/6-7).
Enfin les gardes qui « dans la crainte quâils en eurent, furent bouleversĂ©s et devinrent comme morts » (Mt 28/4).
Mais surtout, Ćuvre de lâartiste, le Christ apparait dans les airs, dans un mouvement dâĂ©lĂ©vation, immergĂ© dans un gigantesque nimbe de couleurs. La lumiĂšre incandescente au centre de ce nimbe rend le visage et le corps du Christ irrĂ©els. Dans son envol, le RessuscitĂ© exhibe ses plaies, rappelant son sacrifice, tandis que les soldats ne parviennent pas Ă soutenir du regard cette vision. Lâenveloppe corporelle du Christ est transfigurĂ©e en corps lumineux.
De quel Ă©vĂ©nement sâagit-il ? De la rĂ©surrection, certes. Mais aussi de lâAscension.
AprĂšs la rĂ©surrection, JĂ©sus apparait aux apĂŽtres, lesquels sont saisis de frayeur et pensent voir un esprit : « voyez mes mains et mes pieds, câest bien moi, touchez moi ; regardez : un esprit nâa ni chair ni os comme vous voyez que jâen ai » (Luc 24/39). Et aprĂšs avoir donnĂ© ses derniĂšres instructions, « (JĂ©sus) emmena les apĂŽtres jusque vers BĂ©thanie, et levant les mains, il les bĂ©nit. Or comme il les bĂ©nissait, il se sĂ©para dâeux et fut emportĂ© au ciel » (Luc 24/51). Lâauteur, ici, traduit lâĂ©vĂ©nement de lâascension en exhibant les traces de la Passion dans les mains, les pieds et le cĂŽtĂ© transpercĂ© â abaissement du Fils â en mĂȘme temps quâil insiste par le halo lumineux sur lâĂ©lĂ©vation du Seigneur, pour la gloire.
De quel Ă©vĂ©nement sâagit-il ? Et si lâartiste nous mettait en prĂ©sence de la Transfiguration ? Cette lumiĂšre au milieu des tĂ©nĂšbres qui provoque lâaveuglement des soldats, nous invite Ă retrouver cet instant oĂč le Corps du Fils, au sommet dâune montagne, haute, Ă©levĂ©e, change dâapparence. « Son visage resplendit comme le soleil, et ses vĂȘtements devinrent blancs comme la lumiĂšre » (Mt 17/2). Ici, câest moins lâenvol qui est signifiĂ© que la lumiĂšre qui Ă©mane du visage.
RessuscitĂ©, JĂ©sus a Ă©tĂ© levĂ© dâentre les morts. Dans lâAscension, il est Ă©levĂ© au ciel. En vue dâĂȘtre transfigurĂ©, Il avait ascensionnĂ© avec Pierre, Jacques et Jean sur une haute montagne, alors quâIl venait dâannoncer qui allait vers la mort en se rendant Ă JĂ©rusalem. RessuscitĂ©, il se fait reconnaitre par les traces de sa Passion sur son corps. ElevĂ© dans la gloire lors de lâAscension, prĂ©cĂ©demment il avait connu lâabaissement jusquâĂ la mort. Mais « Dieu lâa exaltĂ© et lui a donnĂ© le nom qui est au dessus de tout nom » (Phil. 2/9).
DâoĂč pour illustrer cette catĂ©chĂšse sur ABAISSĂâ ĂLEVĂ, ce poĂšme pour dire : JĂ©sus â Christ â Fils de Dieu, composĂ© par lâapĂŽtre Paul et prĂ©sent dans son Ă©pitre aux Philippiens, chapitre 2, versets 6 Ă 11. (Attention : il nây a pas dâerreurs ; seulement lâinvitation Ă bien suivre ce « U » dont nous parlons depuis le dĂ©but de toutes ces catĂ©chĂšses. RĂ©daction originale qui nous met en prĂ©sence de lâannonce qui est au cĆur de cette fĂȘte de PĂąques. Hymne entendue, comme seconde lecture, lors de la messe des Rameaux).
Un vĂȘtement blanc ⊠de la lumiĂšre ⊠Des Ă©lĂ©ments de la Transfiguration. Quelques uns des Ă©lĂ©ments de notre baptĂȘme ! Remontant de lâeau, insiste les rĂ©cits du baptĂȘme de JĂ©sus. Aujourdâhui encore, proclamant la foi de notre baptĂȘme ou vivant notre baptĂȘme au cĆur mĂȘme de la veillĂ©e pascale, nous voici porteurs de ce titre de Fils, invitĂ©s Ă reconnaitre sur notre visage la trace de la lumiĂšre du ressuscitĂ© â transfigurĂ©. Lui qui aprĂšs sâĂȘtre ABAISSĂ a retrouvĂ© la place qui est la sienne de toujours et pour toujours, ĂLEVĂ quâIl est dans la lumiĂšre et la gloire du PĂšre.
PĂšre Henri IMBERT